







Aux quatre coins du globe, la montée des eaux entraîne des inondations aux conséquences bien souvent dramatiques. Selon le ministère de l'environnement, avec plus de 27 000 km² de zones inondables, ce sont 11% des français qui vivent dans une zone exposée aux inondations.
Le débordement des fleuves et des rivières menace ainsi quelque 3 millions d'habitations dans 13 000 communes (près d'une sur trois !)
Les pluies torrentielles qui ont provoqué de très importants dégâts et fait plus des dizaines de morts dans plusieurs départements français prouvent, s'il fallait, que les logements situés en zone inondable sont bien plus nombreux qu'on ne le croit.
Dans l'histoire des inondations, la crue de 1856 est la référence car l'ampleur fut telle qu'elle a non seulement marqué la population française, mais qu'elle est également la plus importante que le pays n'est jamais subi depuis 1790.
Elle toucha alors plusieurs fleuves dont la Loire et le Rhône. Durant des mois, 100 000 hectares de terre furent noyés sous les eaux. Lyon, Avignon, Tarascon, Blois, Tours ou encore Trélazé furent partiellement submergées.
Cette crue provoqua des dégâts dont l'ampleur est difficilement imaginable, ainsi que le décès de plusieurs dizaines de personnes.
Les grandes crues dans l'Hexagone ne sont donc pas un phénomène nouveau et la liste est bien trop longue pour en faire l'énumération.
Toutefois, rien qu'au cours de 20 dernières années, on dénombre de nombreuses inondations d'ampleur ayant entraîné des dommages considérables, voire des décès :
1999 : les départements de l'Aude, du Tarn, des Pyrénées-Orientales et de l'Hérault sont frappés par des crues causant la mort de 34 personnes.
2000 : plusieurs inondations en seine-maritime, dans les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, dans les alpes-maritimes et le var et en Bretagne causent la mort de 5 personnes.
2001 : dans la vallée de la Somme, 6000 hectares de la vallée sont inondés durant plus de 2 mois à cause d'une remontée d'eau en provenance des nappes phréatiques. Plus de 165 communes impactées de manière plus ou moins importante et pratiquement 3000 sinistrés.
2002 : en septembre, la pluie fait rapidement monter les eaux des cours d'eau dans le Gard. Un déluge meurtrier provoque 24 décès et 1,2 milliards d'euros de dégâts sur les 419 communes sinistrées
2003 : 7 morts et plus de 1500 communes sinistrées suite à la brusque montée des eaux du Rhône.
2005 : dans le Gard, 2 victimes et 241 communes sinistrées.
2006 : crue en Meurthe et Moselle. De nombreux dégâts dans plus de 300 communes dont Rambervilliers (88) dont les rues sont envahies par un mètre d'eau.
2008 : 590 communes sinistrées et 100 millions d'euros de dommages dans le quart sud-est de la France. A cela s'ajoutent 60 millions d'euros de dommages suite à des inondations dans 336 communes en Rhône-Alpes.
2010 : dans le Var, 700 millions d'euros de dégâts et surtout 26 décès. La même année, on déplore 53 décès supplémentaires ainsi que 1,2 milliards d'euros de dommages suite au passage de la tempête Xynthia en Pays de la Loire et en Poitou-Charentes.
2011 : Corse, Languedoc Roussillon et région Paca subissent plusieurs inondations dans lesquelles périssent 6 personnes. Montant des dégâts : 330 millions d'euros répartis sur 440 communes.
2012 : précipitations records à Nancy (54) et ses environs. Plus de 72 communes voient l'eau envahir leurs rues jusqu'à 2 mètres de hauteur par endroit. Plus de 40 millions d'euros de dommages.
2013 : en décembre, les eaux de la Laïta montent de plus de 4,50 mètres et inondent en partie Quimperlé (Bretagne). Aucune victime, mais des dégâts à déplorer (images vues du ciel).
2014 : le quart sud-est de la France est frappé par plusieurs séries d'inondations. Un bilan humain et matériel très lourd puisque l'on décompte 24 décès.
2015 : en octobre 2015 sur la Côte d'Azur, des inondations provoquent la mort de 20 personnes. En outre, la facture s'élève à 600 millions d'euros.
2016 : de fortes pluies se concentrent sur les bassins de la Loire et de la Seine. On dénombre 4 décès et des dégâts colossaux chiffrés à 1.4 milliards d'euros essentiellement sur les départements du Loiret, du Loir-et-cher, du Cher, de l'Essonne , de la Seine-et-Marne et de l'Yonne.
2018 : en octobre 2018 dans le département de l'Aude, des inondations provoquent la mort de 12 personnes.
Au total, 136 162 reconnaissances de catastrophes naturelles ont été enregistrées par la CCR depuis 1982. La quasi totalité d'entre elles sont liées à des coulées de boue provoquées par des intempéries et seules 6 660 sont liées à des submersions marines. Elles concernent fréquemment le département des Alpes-Maritimes ainsi que les villes traversées par d'importants cours d'eau, comme le Rhône. Selon la Caisse centrale de réassurance, le coût des inondations s'élève à 533 millions d'euros chaque année.
Le pire, c'est que ces chiffres ne cessent d'augmenter. La France continue en effet à bétonner ses terres inondables. Pour y construire allègrement des centres commerciaux, des zones industrielles et même des équipements stratégiques (comme, à Paris, l'hôpital Georges-Pompidou et le quartier commerçant de Bercy Village), mais aussi des logements – environ 200 000 entre 1999 et 2006 selon le ministère. Et cette tendance n'est pas près de s'inverser : les maires, libres de délivrer les permis de construire depuis 1983, résistent mal à la pression des promoteurs et à la perspective de taxes foncières accrues.
En théorie, un projet à risques peut être bloqué par le contrôle de légalité exercé par les services de l'État. Mais ceux-ci ferment le plus souvent les yeux. «Il est très rare qu'un préfet annule un permis délivré en zone inondable», explique en effet Alain-Marie Germain, expert en droit immobilier. Quant aux fameux plans de prévention des risques d'inondation (PPRI), destinés à limiter l'urbanisation des zones exposées, leur lente mise en place (seules 46 communes de bord de mer sur 864 en ont adopté un) est en butte à d'intenses pressions locales.
Dans un rapport récent, la Cour des comptes critique d'ailleurs la faiblesse de l'État.
Mais la fièvre immobilière et la complaisance de l'administration n'expliquent pas tout. Si le nombre de familles menacées s'accroît, c'est aussi que la nature se déchaîne aujourd'hui dans des lieux que l'on pensait modérément exposés. L'Aude en 1999, le Gard en 2002, le Rhône en 2003, de nouveau le Gard en 2005, Sainte-Maxime en 2009, la Vendée en 2010 ... Non seulement les crues se multiplient, mais elles sont de plus en plus violentes.
Et cela ne fait que commencer : d'après une récente étude de la Fédération française des sociétés d'assurances, les dérèglements climatiques qui favorisent tempêtes et pluies diluviennes pourraient accroître leur fréquence de 15% d'ici à 2030. Résultat : des millions d'habitations anciennes deviennent chaque année un peu plus vulnérables. C'est vrai dans les zones basses du littoral, que la lente remontée du niveau de la mer commence à grignoter, mais aussi dans de nombreux centres-villes.
Ainsi, à Nîmes, la colère des six cours d'eau descendant du plateau des Garrigues se déclenche à intervalles de plus en plus rapprochés (1963, 1988, 2002, 2005). En région parisienne, malgré les quatre barrages-réservoirs construits en amont de la capitale, les experts prédisent une crue plus forte qu'en 1910. Comme 40% des zones inondables sont urbanisées (90% à Paris et dans la petite couronne), cela mettrait 850 000 personnes les pieds dans l'eau, priverait 2 millions d'habitants d'électricité et 2,7 millions d'eau potable, noierait 86 000 entreprises et pourrait coûter jusqu'à 12 milliards d'euros, selon la préfecture. La RATP, les grands hôpitaux et l'armée (qui mobiliserait 10 000 militaires) se préparent discrètement...
Comme si la nature n'y suffisait pas, l'homme semble, en outre, s'ingénier à mal gérer les risques. Ainsi, par manque de coordination, la sécurisation d'une zone inondable conduit bien souvent à déplacer le problème vers les communes voisines.
Dernière inquiétude : même là où l'on se croit à l'abri, la menace progresse, en raison du manque – pour ne pas dire de l'absence – d'entretien des quelque 8 000 kilomètres de digues installées en France. Prenez le Gard : alors que le département se retrouve régulièrement sous les eaux, seuls deux agents, dont un à temps partiel, contrôlent la solidité des ouvrages !
Et c'est partout pareil : en dépit du coût des inondations (plus de 11 milliards d'euros déboursés par les assureurs entre 1988 et 2007), les travaux de prévention restent en effet «très modestes», comme l'a récemment dénoncé un rapport de la Cour des comptes. La raison de ce manque de motivation ? «Pour sécuriser l'ensemble des digues, il faudrait engager entre 4 et 5 milliards d'euros», calcule le ministère. D'ici à ce que l'on s'y mette, de l'eau aura passé sous les ponts...
Depuis toujours, l'homme est confronté à un problème récurrent et autrefois imprévisible, les inondations. Si certaines ont marqué la mémoire collective comme la grande crue de la Seine en 1910, il s'en produit quasiment tous les ans en France, causant d'immenses pertes matérielles, et pire, humaines parfois. Alors, quelles solutions pour s'en protéger ?
- L'État doit prendre ses responsabilités
- Nommer un interlocuteur unique
- Muscler l'entretien et les digues
- Verdir les cours d'écoles
- L'augmentation du nombre de zones vertes
- La mise en place de bassins de rétention des eaux pluviales
- L'emploi au sol de matériaux perméables
- La conception de bâtiments compatibles avec les grandes crues.
- Rendre les habitations moins vulnérables
Coût estimé: 4 à 5 milliards d'euros par an.
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